THANON Marc Riboud Photographe Musée Guimet 2020,Les instants fragiles et effacés resteront dans un univers transitoire argenté.
Photo: François Montagnon
Les instants fragiles et effacés resteront dans un univers transitoire argenté...
Un grand vrai photographe Marc RIBOUD : "Pour faire de bonnes photos, il faut avoir surtout de bons souliers", amoureux de l'Asie de ses finesses et particularismes. Un modèle pour de nombreux photographes, héros discret du Vercors.
Voilà cet homme merveilleux qui grâce à ses images ne nous quittera jamais vraiment de son livre : Angkor, sérénité bouddhique, un passeport Talisman comme Sérusier pour Gauguin, préparer au grand saut qui a hanté mes voyages et l’imagination d’avant les départs, c’était sans internet et l’information tous azimuts d’hier sur le lieu où l’on se rendrait qui resterait inconnu jusqu’à l’arrivée, au moment de rassembler tout le nécessaire et le matériel limité dont on aurait besoin pour réaliser nos rêves de beautés et de splendeurs, une mise au point dans l’agenda Clairefontaine bleu à petits carreaux dans les restaurants à soupes PHOS N°.. de l’avenue d’Ivry ou de Vitry du XIIIe de Paris près de "TANG Frères" et en avant avec le sac photo !
Du Fe2 puis de l’HEXAR et du F3 Nikon bourré de pellicules argentiques N&B Ilford ou Tri-X kodak ainsi que Tmax 100-400 et quelques Kodachromes 64 ou 25 diapos couleurs à prix d’or 72 Fcs développement compris encore présentes à la Fnac, tout ce petit monde dans un tupperware plastique cubique acheté chez "l’indien" en bas de chez moi et si l’on pouvait après en revenant quelques tirages à « Publimod » ou « Négatif + » parce que soit même il y avait des risques de ratés!
Les seules belles difficultés concernaient l’exposition, la lumière, l’hôtel où dormir ce soir-là, manger dans une ruelle de terre, obscure, mais jolie éclairée de néons attaqués de toutes parts de millions d’insectes têtus, qui s’écrasaient et fondaient tels des "Icares" de jungles locales tropicales, morts pour la gloire, alors à cette époque, pour les plus jeunes, on ne savait fébrile ce qu’il y avait dans les bobines, seule l'expérience rassurait des possibles réussites mais tout pouvait basculer dans un aéroport avec ses rayons X, tout perdre ou en partie comme au poker ou la plus précieuse rayée ensuite au développement, les boites noires en plastique épais trop chères ne pouvaient garantir le stock de 60 à 80 pellicules E-135, ou bien trouver quelques pépites sans la grande patience du retour et du Voyage avec un grand V des rencontres. Rien n’était moins sûr, la grande inconnue photographique, mais le risque faisait partie d’un tout, comme l’investissement qui ne porterait pas ses fruits.
Merci et de t’avoir approché lors des rencontres photographiques de la Place Saint-Sulpice, bien qu’aussi timide d’entre les photographes, frères d’esthètes, surtout d’observateurs silencieux prêt à discuter dans la vraie communication inter-âmes.
Quoi de mieux que cet écrin fabuleux du Musée Guimet lieu des rêves de mon adolescence au parquet craquant dans les salles bouddhiques à l’odeur de cire d’abeille du dimanche soir, et j’en suis le premier ravi pour continuer à diffuser et protéger le trésor de ta vie, ton œuvre faite en marchant, curieux de tout, sur les chemins du monde et de l’Asie.
François Montagnon auteur-photographe-dimanche 27 septembre 2020
https://www.librinova.com/auteur/francois-montagnon
Cette exposition enfin ouverte, toujours un plaisir de revoir les photographies en réel doublé d’un lieu fantastique pour les amoureux de l’Asie, pas pour ceux qui pianotent toute la journée sur un téléphone que ce soit clair, laissez nous un peu de rêve encore !
Et puis le travail de ce musée parfait à tous points de vue même si je regrette celui avant rénovation.
Exposition Marc Riboud jeudi 24 juin 2021 15h00
Marc Riboud au Musée Guimet, depuis une année j’attendais ce moment. Pas déçu par une belle mise en scène de son oeuvre photographique.
Au début, dans une vitrine toutes ses publications ainsi que son M3 et M6 Leica, le passeport relié de plusieurs pour recevoir tous les tampons lors de son périple asiatique de la Turquie à la Chine et l’Asie du Sud-Est, sa carte de photo-reporter.
Le petit appareil Vest Pocket Kodak offert par son père « puisque tu ne sais pas parler, peut-être que tu sauras regarder », quel visionnaire. Modestie et économie de matériel comparé à aujourd’hui, certains ont un sac photo de 50 000 euros d’objectifs et boitiers, surtout pour le sport.
Lui juste un 50mn, peut-être un 28mn, mais de bonnes chaussures. Le photographe par excellence. Je trouve avec le temps son œuvre un peu froide et distante de ses photographies.
Mais la plastique/géométrie parfaite avec un velouté de gris et une maîtrise incroyable, beaucoup de beaux noirs, des tirages exceptionnels l’air de rien.
La visite guidée par sa femme Catherine Riboud et ses remarques détaillées sur le photographe. "Histoires Possibles" au Musée Guimet et Lorène Durret : https://www.youtube.com/watch?v=zEI1u0IvCkg
PHOTOS: Gérard MANSET
La voie royale
C'est un bâtiment gris
Au pied du Pnom
Lorsqu'on y va la nuit
On croit frôler les ombres
Et plus loin vers le fleuve
Quelques enfants
Saramani bien sûr
Que l'on vient voir aussi
Que l'on vient voir de prés
Même si l'on s'ennuie
Alors on pense à lui
C'était là qu'il était
Comme un Naja
Dans le bassin
Où il nagea
Jusqu'à ce temple en ruine
Mais tout ne l'est-il pas
Mais tout ne l'est-il pas
Où l'on vend des moineaux
Dans des cages d'osier
Que pour quelques riels
On verra s'échapper
S'envoler vers le ciel
Alors on pense à ça
Alors on pense à lui
Que tout était comme ça
On n'a pas changé depuis
Comme un Naja
Dans le bassin
Où il nagea
Jusqu'à ce temple en ruine
Saramani m'a dit
Que comme il le voulait
D'être enterré ici
Une princesse Cham
Vous le connaissez
Comme on connaît ici
Ce que personne ne sait
Ce que personne n'a dit
Alors on pense à lui
C'était là qu'il était
Comme un Naja
Dans le bassin
Où il nagea
Dans le bassin
Où il nagea
Gérard Manset, Album : Obok
VIDÉO Magnifique ! : https://www.youtube.com/watch?v=ex_yoAa1UXY&feature=emb_logo
EXPOSITION AU MUSÉE GUIMET
Marc RIBOUD, HISTOIRES POSSIBLES, CATALOGUE D'EXPOSITION MUSÉE GUIMET 2020-2021
"Décédé en août 2016, Marc Riboud a choisi de léguer son œuvre au musée national des arts asiatiques-Guimet.
L'exposition rétrospective « Photographies de Marc Riboud » rendra hommage au grand photographe qu'il était. Elle présentera son œuvre à travers ses voyages en Europe, au Moyen-Orient mais surtout en Asie où il s'est rendu à de nombreuses reprises tout au long de sa carrière.
Le catalogue est conçu comme une véritable monographie de référence, retraçant l'intégralité de sa carrière et montrant comment sa pratique a témoigné avec force de grands moments du XXe siècle.
Des essais de spécialistes replacent son œuvre dans son contexte, tandis qu'un entretien avec Catherine Riboud et un essai d'Olivier Rolin donneront un éclairage plus intime sur le travail du photographe".
Musée Guimet 2020
"On le fait parce que, d’ailleurs c’est sûrement vrai pour la plupart des photographes, on est incapables de faire quoi que ce soit d’autre."
"Je n’appelle pas le voyage le déplacement de Paris à Calcutta, ou de Paris à Phnom Penh. Ça c’est un transport en autobus aérien. (…) C’est d’être dans un endroit où l’on a coupé les amarres, les fils qui nous retiennent, pas seulement le fil du téléphone."
"J’ai l’impression là-bas de me promener et d’être fasciné par tout ce que je vois, plutôt que de rapporter des images choc, ce que je ne sais pas faire."
"On photographie devant la surprise, devant l’étrange, ou l’étranger, mais dès qu’on photographie les gens les plus proches, on sent naître un jeu, ou une obligation…"
"Quand on voit un pays, quand on rencontre des gens, aimer les lieux, aimer les gens, aide beaucoup à comprendre. Je préfère les gens qui aiment que ceux qui prétendent être des spécialistes et être super objectifs. (…) Les grands spécialistes, les grands experts, est-ce qu’ils comprennent vraiment ?
"Mon père m’a dit cette phrase un jour « puisque tu ne sais pas parler, peut-être que tu sauras regarder ».
...Sa timidité maladive qui, loin de l'avoir desservi, l'amenait à prendre ses meilleures photos, et à partir en voyage pour éviter un monde familier qu'il ne comprenait pas.
"J’ai fait des milliers de photos, mais j’étais tellement timide. J’étais timide comme un rat, vous ne pouvez pas savoir. Je photographiais, je photographiais. Et ça m’a rendu un bon service car je regardais mieux. Capa m’avait envoyé prendre des photos d’une ville qui s’appelle Leeds. Je vais là-bas avec un jeune journaliste. Au bout de quatre ou cinq jours le journaliste en a marre de se promener avec quelqu’un qui ne parle pas. Alors il rentre à Londres. Moi, à ce moment là, j’étais ravi : j’étais seul, je n’avais à parler à personne. C’est presque une caricature mais ça ne l’était pas. C’est parmi mes très bonnes photos celles que j’ai faites à Leeds. Petit à petit je me suis débrouillé à parler, à être là où il fallait, plutôt que derrière et plutôt qu'ailleurs."
"Une chose qui m’a rendu grand service, [...] c’était le sens de l’économie. Je ne sais pas si c’est Matisse ou un autre qui a dit : « Les peintres sont bons quand ils font très peu de peinture ». Ce jour-là, quand j’étais au pied de la Tour Eiffel, j’ai monté à pieds tous les étages. Et puis j’ai fait une vue de chaque peintre. Je n’avais emporté qu’un film, parce que […] les bons films étaient difficiles à trouver. Et bien je crois que ce sens de l’économie m’a rendu service, on ne peut pas s’attendre à ça aujourd’hui." Marc Riboud, à propos de sa photo "Le peintre de la Tour Eiffel".
"Je pense que la photographie, quand on aime ça, c’est une question de tout l’être. Comment on a l’œil, comment on a le cœur, comment on a les différents sentiments qui peuvent émerger. Et puis le reste, c’est quelque chose... Clic, un déclic qui se passe, parce qu’on ne sait pas. Parce qu’il faut vous dire que le fameux moment décisif, c’est très vrai, c’est un moment, et on en a pas d’autres quelque fois pendant un long moment. [...] Il faut observer, regarder, et ça c’est passionnant. Parce que quand on cherche quelque chose et qu’on sent qu’on l’a trouvé, c’est le grand bonheur. "
Et Marc Riboud d'évoquer l'un de ses voyages de quelques semaines au Cambodge, où il n'avait d'autre préoccupations que de regarder, de découvrir :
"Trois semaines sans bouger dans un petit endroit, c’est un grand voyage." Avant de s'amuser de l'immuabilité de la nature humaine, dont il a pris conscience en revenant plusieurs fois au même endroit : "Ce jeu de la différence, du changement, bien sûr il y a des buildings, du béton, des tours, mais très souvent les gens ont très peu changé, les habitudes, les réactions des gens, et ça c’est en effet plus difficile à photographier, mais c’est passionnant."
France Culture : 2010 et 27 aout 1991.